Prendre soin avec l'art

Qu’est-ce que l’art thérapie ?

C’est une technique de soin et de connaissance de soi qui s’appuie sur des outils artistiques (dessin, peinture, collage, mandala, argile, voix, chant, mouvement authentique, danse, théâtre, clown, mimes...).

Elle permet lors du processus créatif d’exprimer un vécu (émotion, souffrance, blocage...) mais également un élan vital (joie, plaisir, énergie...).

Elle ouvre en nous une parenthèse, un instant privilégié de retour sur soi, de recentrage et nous fait parcourir un chemin, le nôtre.

Le support artistique entre dans une relation à trois, une médiation, où l’individu se sent moins seul devant le thérapeute. L’outil artistique lui permet progressivement de se dévoiler, à son rythme.

La création est un médium qui va permettre à la personne de transformer ou de restaurer l’image qu’elle a d’elle-même, mais aussi d’améliorer son regard sur les autres et sur la vie.

Le dessein de l’art-thérapie n’est pas d’expliquer le passé, voir de s’y complaire, mais d’ouvrir à des anticipations imaginaires de soi... des traces à suivre pour un chemin vers soi.

L’art thérapie est une recherche.

A travers la pédagogie de la maïeutique (cf Socrate "art de faire accoucher de soi"), le thérapeute ne fait qu'éclairer le territoire de recherche de la personne, qui trouve petit à petit les réponses à ses propres questionnements, essayant d’être un peu plus sujet de sa propre destinée.

Les questionnements individuels rejoignent les grands questionnements universels, une quête de sens, retrouver un "essentiel" à vivre.

Dans un monde obsédé de binaire et de linéaire, l’art-thérapie prône le détour, la métaphore, l’image, la représentation, la poésie, la symbolisation...

"Il est commode de pouvoir être chaos pour commencer" Paul Klee

Comme l'indique Alexandra DUCHASTEL dans son livre « La voie de l’imaginaire », toutes les formes de l’imaginaire, comme les contes, les rêves, l’imagerie mentale, l’expression artistique et le langage du corps (même à travers la maladie) expriment une approche particulière de son monde intérieur. C’est comme une chasse au trésor, qui nous mène au centre de nous même...

Au cœur de nos crises, réside un appel criant à la vie et une invitation à oser. Le processus de création est une expérience de transformation intérieure.

La créativité, c’est cette force mystérieuse qui gère les transformations incessantes de chacune de nos cellules. C’est un don universel qui n’a rien à voir avec le talent artistique et qui nous permet d’appréhender la réalité différemment, de la réorganiser d’une manière qui sert mieux la vie et qui s’exprime dans tous les pans de nos vies.

L’exploration ludique de notre créativité permet de « dire » avec un autre langage que les mots, donc de se libérer du poids des non-dits, en osant retrouver la spontanéité des enfants, on stimule les processus naturels de guérison et on remet sa vie en mouvement.

L’art permet de créer un pont essentiel entre le conscient et l’inconscient...et stimule l’émergence de nouvelles manières de relever les défis de la vie.

L’essentiel de l’expérience ne se trouve pas nécessairement dans le produit fini, mais dans la manière dont on se soumet aux forces des lignes, des formes, des couleurs et des matières. C’est une invitation à retrouver le plaisir de créer, d’être dans l’instant présent, totalement authentique, fidèle à moi-même en faisant taire la critique systématique, le jugement.

Le rôle du thérapeute n’est pas d’interpréter les productions, mais de créer un espace sécuritaire et protégé dans lequel la personne pourra explorer son imaginaire, son monde intérieur.

A travers les differents médiums artistiques, la personne exprime ce qui ne saurait se révéler autrement...On dit souvent qu’une image vaut mille mots car c’est là une forme d’expression symbolique, non verbale, qui révèle ce qui se passe dans les profondeurs de la psyché.

Pour comprendre le langage de l’imaginaire, il nous faut faire appel à notre intelligence du cerveau droit, une intelligence analogique, intuitive, qui demande du temps et exige souvent la création d’un espace de silence intérieur. Pour se révéler l’âme a besoin de ce contact contemplatif avec l’image, le geste, le rituel. Les mots, la compréhension logique, la mise en place rationnelle viennent ensuite d’eux même, plus clairs, plus précis.

L’efficacité des thérapies par l’art dépend en grande partie de la qualité éthique et professionnelle de la relation thérapeutique.

Comme celui du jardinier, le travail du thérapeute est un acte de foi qui exige une présence sincère, une patience infinie et beaucoup d’humilité.

En reconnaissant son pouvoir de transformer la matière, l’expérience de l’instant présent s’impose en douceur et nous permet également de croire en une possibilité d’appréhender notre réalité différemment. La personne est responsable (en anglais response able, signifie être capable de répondre, de réagir) de sa transformation et possède ce dont elle a besoin pour y arriver.

En art thérapie, à travers la matière, les couleurs, les formes, les sons, l’expression de sa créativité, elle agit activement, elle est l’initiatrice de son propre changement. En concentrant son attention sur le processus de création plutôt que sur la production, la personne prend conscience de ces réactions, comment elle les gère et trouve des solutions.

Il est essentiel de savoir reconnaître et développer son pouvoir créateur, source de confiance en soi, d’adaptabilité et de solutions nouvelles.

PS : Je suis partie de mon expérience, ma formation avec Brigitte Sénéca et de lectures dont le livre de J.P. Klein et Alexandra Duchastel